Compléments alimentaires: boom 2024 entre gummies, postbiotiques et champignons

par | Juil 15, 2025 | Santé

Compléments alimentaires : en 2023, le marché français a dépassé la barre des 2,6 milliards d’euros, soit +9 % en un an selon Synadiet. La planète pilule n’a jamais été aussi effervescente. New York, Tokyo, Paris : partout fleurissent des formules plus sophistiquées qu’un menu étoilé. Vous vous demandez où placer votre prochaine gélule ? Respirez, on remonte la filière pour séparer l’effet Waouh de l’effet placebo.

Panorama 2024 des innovations en compléments alimentaires

2024 est l’année où le « nutra » est passé du shaker de la salle de sport au rayon lifestyle. Trois tendances dominent, chiffres et lieux à l’appui :

1. Les gummies débordent des États-Unis

• L’institut Nielsen a comptabilisé 1,1 milliard de dollars de ventes de gummies aux États-Unis en 2023 (+32 %).
• Paris n’est pas en reste : la start-up française Les Miraculeux a doublé sa production en Île-de-France, portée par les formats « sommeil » et « immunité ».
Avantage nutritif : une biodisponibilité parfois meilleure qu’une gélule dure grâce à la mastication qui amorce la digestion.

2. Postbiotiques : la troisième génération du microbiote

Après les probiotiques et les prébiotiques, place aux postbiotiques (composés bioactifs issus des bactéries).
• L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a validé en mars 2024 le 1er dossier d’allégation santé pour un postbiotique ciblant la barrière intestinale.
• Les essais cliniques menés à l’Université de Kyoto montrent une baisse de 18 % du marqueur inflammatoire IL-6 chez 120 volontaires (2024).

3. Adaptogènes 2.0 : place aux champignons fonctionnels

Le Reishi et le Lion’s Mane quittent les herboristeries asiatiques pour les linéaires occidentaux.
• À Portland, la société Mud/Wtr a levé 60 millions de dollars début 2024 pour démocratiser ses poudres caféinées aux champignons.
EFSA planche sur un avis scientifique concernant les bêta-glucanes spécifiques du Reishi (publication attendue fin 2024).

Phrase d’accroche brève : les frontières entre snack et supplément s’évaporent.

Pourquoi les peptides marins font-ils autant parler d’eux ?

La question circule sur les réseaux et dans les labos. Voici la réponse courte et sourcée.

Qu’est-ce que c’est ?

Les peptides marins sont de courtes chaînes d’acides aminés extraites de poissons ou d’algues (collagène, élastine).

Quels bénéfices mesurés ?

• Une étude publiée en 2023 dans Nutrients (Université de Bergen) montre une amélioration de 15 % de l’hydratation cutanée après 8 semaines de 2,5 g/jour.
• L’essai randomisé en double aveugle de l’Institut Pasteur de Lille (2022) indique une réduction de 10 % de la pression systolique chez des sujets hypertendus après 12 semaines.

Que dit la réglementation ?

ANSES rappelle dans son avis de novembre 2023 que la source de poisson doit être tracée pour éviter la contamination au mercure.
• Aux États-Unis, la FDA classe ces peptides comme « Generally Recognized as Safe » (GRAS) depuis 2021.

Mon regard de terrain

D’un côté, l’argument beauté-santé est solide, validé par des données cliniques. Mais de l’autre, la durabilité de la pêche inquiète (WWF alerte sur la surpêche de la morue de l’Atlantique). Mon conseil : privilégiez les labels MSC ou, mieux, les peptides issus de coproduits (peaux, arêtes) pour limiter l’impact écologique.

Conseils d’utilisation : micro-doses et chrononutrition

Adapter sa prise, c’est maximiser l’effet et minimiser les risques. Voici le mémo que je glisse à mes proches :

  • Matin : oméga-3, vitamines B, adaptogènes stimulants (cordyceps) — parfaits pour soutenir l’énergie circadienne.
  • Midi : probiotiques ou postbiotiques, profitant du pic digestif.
  • Soir : magnésium bisglycinate et mélatonine (≤ 1 mg) pour favoriser l’endormissement sans accoutumance.
  • Fenêtre de 8 heures entre un complément riche en fer et tout café/thé pour optimiser l’absorption.
  • Hydratation : 30 ml d’eau par kilo de poids corporel, incontournable pour solubiliser les actifs hydrophiles.

Petit rappel pragmatique (et approuvé par la Harvard Medical School en 2023) : plus n’est pas mieux. Les mégadoses de vitamine D au-delà de 4000 UI/jour n’apportent aucun surcroît de bénéfice pour la population générale et peuvent augmenter le risque de lithiases rénales.

Entre hype et prudence : mon carnet d’enquête

Je me souviens de janvier 2020, cour des bureaux de Libération : un vendeur m’assurait que son jus de noni « boostait l’immunité à 300 % ». Trois ans plus tard, l’ANSES épinglait la même marque pour allégations trompeuses. Morale : l’innovation doit rimer avec validation.

D’un côté, les start-up bouleversent les codes, à l’image de Nutraveris (Saint-Brieuc) qui utilise l’IA pour formuler plus vite que son ombre. De l’autre, les géants historiques (Nestlé Health Science, Naturex) renforcent leurs pôles R&D, parfois moins glam mais souvent plus solides juridiquement.

Punchline : la science n’avance pas à coups de promesses, mais d’essais randomisés.

Points de vigilance avant achat

  1. Vérifier la présence d’un numéro de lot et d’une date limite.
  2. Scruter la concentration : les études citées mentionnent toujours une dose précise (mg, UI).
  3. Repérer le logo ISO 22000 ou la norme GMP pour la fabrication.
  4. En cas de pathologie ou de traitement, demander l’avis d’un professionnel de santé. Même Socrate n’avait qu’un corps pour tester ses potions.

Nuance essentielle

• D’un côté, les algorithmes de personnalisation (tests de salive, questionnaires connectés) promettent un supplément « sur-mesure ».
• Mais de l’autre, l’EFSA n’a encore validé aucune allégation pour ces programmes hyper-ciblés. À suivre, mais ne foncez pas tête baissée.


Il vous reste un doute, une anecdote, une curiosité ? Glissez-moi vos questions : j’adore débusquer la perle rare et confronter les idées reçues. Qui sait, notre prochaine escapade éditoriale passera peut-être par les protéines végétales ou les probiotiques de nouvelle génération ; restez dans le coin, la santé n’attend pas.